mardi 1 avril 2008

Marie-Antoinette Superstar

L'affiche de l'exposition du Grand Palais

Marie-Antoinette, la reine la plus mal aimée des Français (mais pas des Japonais), n’en finit plus d’occuper le devant de la scène. Après le film (plutôt raté) de Sofia Coppola l’année dernière, un nombre impressionnant de publications diverses et variées, ou encore une exposition confidentielle aux Archives Nationales, c’est au tour du Grand Palais de nous offrir une vaste rétrospective sur ce personnage controversé. Pas moins de quatre cents œuvres viennent illustrer les différentes facettes de la personnalité de la souveraine, de son enfance paisible en Autriche jusqu’à son exécution sur l'échafaud (nettement moins paisible).

Pas de grande suprise pour les connaisseurs parisiens : la majeure partie des œuvres exposées proviennent des collections de Versailles, de Carnavalet, du Louvre ou encore de Fontainebleau. (On mentionnera tout de même les nombreux prêts consentis par le Kunsthistorisches Museum de Vienne ainsi que de nombreuses pièces, appartenant aux collections françaises, fragiles et jamais exposées).

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La nouveauté vient surtout de la conception même de l'exposition, confiée au metteur en scène d'opéra Robert Carsen. Celui-ci parvient à donner à ce parcours chronologique, on ne peut plus classique, un souffle nouveau en divisant l'exposition en plusieurs grands actes. Un intérêt particulier est donné à l'éclairage (la lumière se fait de plus en plus oppressante à mesure que les idées révolutionnaires grandissent) et la visite est ponctuée de vraies trouvailles visuelles (mention spéciale à la puissance dramatique donnée par un simple miroir brisé). Au-delà des incontournables portraits de la reine réalisés par son peintre officiel, Elisabeth Vigée-Lebrun, ou encore des meubles et des objets commandés par la souveraine, quelques pièces pittoresques et plutôt rares dans une exposition donnent à la rétrospective tout son piquant (dessins de la main même de la reine, décors de théâtre de l’époque, plan de table de son mariage, lettres manuscrites, fac-similé du célèbre collier qui a fait éclater le scandale et d’autres petits objets tout aussi somptueux ou anecdotiques).

Au final, l’exposition est une vraie réussite et la confrontation de toutes ces œuvres, épaulée par une mise en scène soignée, est vraiment émouvante. Les spécialistes de la question aussi bien que le grand public en feront sans nul doute un succès.

Preuve de l’engouement attendu, la vénérable Réunion des Musées Nationaux a pensé aux fans transis de la reine en leur proposant pas moins d’une cinquantaine de produits dérivés griffés "Marie-Antoinette"… Dans cet amoncellement de babioles, on trouve de tout, du pire comme du meilleur. Commençons par le meilleur : le parfum « Le Sillage de la reine », réalisé par Francis Kurkdijan à partir des témoignages de l'époque (compter 350 euros le flacon et pas question de le sentir, le trésor étant présenté sous cloche), le catalogue de l'exposition, quelques répliques réussies de bijoux vaguement XVIIIe (on vous déconseille quand même de les porter avec un serre-tête en velours), de nombreux ouvrages biographiques ou thématiques… Et le pire : crayons, carnets, boîtes en tout genre aux motifs assez tartignoles, déguisements pour petites versaillaises endimanchées, quelques répliques de bijoux assez ratées tout droit sorties de la collection personnelle de Joan Collins, une pyramide de dvd du film de Sofia Coppola… Mais c’est de bonne guerre : le budget de l’exposition ayant crevé tous les plafonds, le Grand Palais compte bien sur une affluence et une recette record…

Et n’oublions pas le détail qui tue : chaque visiteur en mal d’amour (inutile de vous rappeler comment s’achève l'exposition et donc dans quel traumatisme se retrouve le visiteur…) pourra assouvir sa boulimie de sucreries grâce au stand Ladurée situé directement au sortir de la visite… Ladurée instaure donc un cobranding d'un nouveau genre en s'associant une nouvelle fois avec Marie-Antoinette. On nous assure qu'en échange, ils fleurissent sa tombe gratuitement une fois par mois... Comment ça quelle tombe?!

Exposition « Marie-Antoinette » au Grand Palais, du 15 mars au 30 juin 2008.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Bienvenu Julien, très beau premier article. J'attend avec impatience tes autres bons plans culture !

Bien à vous.

Anonyme a dit…

Super, cet article... Je voulais justement y aller et aurait voulu avoir un avis sur cette expo... Ce qui est chose faite! MERCI!